Corcovado

Publié le par Jean-Mi

Nous avons passé une nuit médiocre à Puerto Jimenez. Il y avait pas mal de bruit dans la rue : des ticos qui faisaient la fête, Semana Santa oblige. En plus, nous commençons la journée sous la pluie.

Devons-nous rebrousser chemin ou persévérer ? Un tour au bord de la mer et de la mangrove nous fait apercevoir, loin au sud, un ciel moins sombre. C'est une lueur d'espoir. Nous décidons donc d'aller quand même à Corcovado !

La piste de Puerto Jimenez qui part vers Carate est longue et pénible pour les véhicules comme pour les véhiculés. La pluie qui la rend boueuse et remplit les ornières n'arrange rien. Un 4x4 indispensable. Enfin, au moins sommes nous maintenant bien accoutumés à ce genre de parcours. Il nous faut néanmoins deux heures pour parcourir les 40 Km qui nous séparent de Carate, le bout de la route.
 
Sur la piste Puerto Jimenez - Carate un grand arbre est tombé.

Carate n'est rien, même pas un village. C'est juste un point sur la carte avec un nom. Sur place, une piste d'atterissage sommaire, un manche à air et une pulpéria. C'est tout. Le bout du monde.

Une piste sommaire dans la jungle : voilà Carate.

Mais au moins il ne pleut plus ! Les nuages commencent même à se déliter et le soleil à pointer le bout de son nez lumineux. La persévérance paye : nous avons bien fait de venir.

Nous laissons la voiture en bordure du terrain d'atterissage et nous commençons à marcher le long de la plage pour atteindre le Parque Nacional de Corcovado, inaccessible autrement qu'à pied.

L'entrée de La Leona est à 3,5 Km. La marche sur le sable au bord de l'océan est assez agréable car comme il a plu, le sable est mouillé et porte bien et comme il y a encore des nuages, nous ne sommes pas écrasés par la chaleur. Et puis le paysage est somptueux. D'un côté, les rouleaux du Pacifique, très puissants ici, de l'autre, la forêt vierge et sauvage.

La marche d'approche est déjà une expérience

Notre cheminement est agrémenté par l'observation des magnifiques lapas rojas (aras écarlates) qui sont en pleine saison des amours. Ils sont partout, j'en ai compté douze dans un seul vol. Ils vont généralement en couples, fidèles pour la vie, volant très haut dans le ciel ou posés sur les plus hautes branches des plus grands arbres. Leur cris sont disgracieux mais leur plumage rouge vif est somptueux (ce qui montre une fois de plus qu'on ne peut pas tout avoir !). Le plus inattendu pour nous est la majesté de leur vol. Qui ne connait des aras que ceux qui sont prisonniers d'une cage de zoo ne peut imaginer quels animaux royaux ils sont en plein ciel ! Magnifiques.

Lapas Rojas en vol et perchés sur les plus hautes branches.

Nous arrivons à La Leona à la mi-journée, en passant devant deux lodges qui jouxtent le parc, le La Leona Lodge et le Corcovado Lodge Tent Camp, tous deux trop chers pour notre budget. Ces lodges sont au bord de l'océan, entourés de jungle et donnent envie de s'y installer.

Nous pique-niquons à la station des gardes du parcs de La Leona. Il est possible d'y camper et l'emplacement est aussi attrayant que celui des lodges précédents. Il y a tout le nécessaire et même un abri assez vaste pour cuisiner à l'aise.

Malheureusement, n'étant que deux adultes pour quatres jeunes enfants, il nous est impossible d'y transporter le matériel de camping dont nous avons besoin. Et l'accès en roulant en voiture sur la plage, techniquement réalisable, est interdit.

Le poste des gardes de La Leona, entrée du Parque Nacional Corcovado

Sur une table, Paul examine une macabre collection de crânes de singes et de serpents en bocaux.

Un garde nous remet une carte des sentiers (du sentier côtier) et nous rentrons enfin dans le parc. Nous limitons nos ambitions et visons d'atteindre juste le rio Madrigal, à peine à 2,5 Km. Ce n'est pas loin mais nous souhaitons avant tout observer la faune et la flore en prenant notre temps.

La végétation n'est pas très dense pour de la jungle, et ô surprise, plutôt sèche. Un effet du bord de mer plus venté peut-être ? Nous supposons qu'elle est plus fournie à l'intérieur des terres.

Jean-Mi prend racine (géante).

La faune est abondante, surtout si on tient compte de l'important passage humain. Nous apercevons plusieurs groupes de singes, à commencer par une famille de singes capucins (mono carablanca). Ils vaquent à leurs occupations, haut dans les arbres. Entre autres, nous regardons un jeune s'aggriper au dos de sa mère, apprenant avec elle à s'accrocher aux branches.

Un jeune mono carablanca (singe capucin) avec sa mère.

Plus loin, un groupe d'atèles, ou singes-araignées (mono araña). Nous avions fait la connaissance d'une jeune femelle lors de notre voyage au Nicaragua. Maintenant nous les voyons en famille et dans leur milieu naturel, Monsieur et Madame chacun sur sa branche, à cueillir er manger des fleurs, suspendus par leur queue préhensible, tête en bas pour madame, tête en l'air pour monsieur.
Un singe-araignée mâle nous dévisage. Que pense-t-il de nous ?

Nous voyons aussi de nombreux oiseaux, un petit écureuil noir et même un pizote et enfin nous atteignons le rio Madrigal, limite de ce que nous pouvons parcourir aujourd'hui.

Le rio Madrigal au sortir de la jungle.

Nous revenons ensuite sur nos pas, toujours observant l'univers très vivant qui nous entoure. Malgré le jour qui diminue, nous prenons quand même le temps de faire un plouf dans l'océan au niveau de la sation La Leona (pour profiter des douches ensuite).

En fait, la plage n'est pas du tout propice à la baignade : de gros rouleaux charrient des graviers qui heurtent les jambes, la pente est forte. Le retour au rivage est difficile à cause du reflux et pour courronner le tout, il y a un fort courant. Nous n'insistons pas.

C'est à la tombée de la nuit que nous rejoignons enfin la voiture. Des ticos ont planté la tente entre deux arbres au bord de la piste d'atterrissage. Renseignement pris, c'est autorisé (c'est même le seul endroit qui soit public). Nous en faisons autant.

Camping sauvage au bord de l'océan à Carate

Petit point noir, nous n'avons pas assez à manger. Je vais avec Paul à la pulperia pour voir, mais c'est plutôt un bar qu'une épicerie et il n'y a que des paquets apéritif et des boissons. Par bonheur, la patronne nous propose très gentiment de nous dépanner. Elle cuisine exprès pour nous un délicieux repas steak-salade-frite (sur ses provisions personnelles manifestement) que nous mangeons à la lueur d'une bougie.

La gentillesse et l'hospitalité des ticos nous touche une fois de plus.

Sylvain, Paul et Lucie lors de notre repas aux chandelles.

Nous passons ensuite une excellente nuit sous un ciel étoilé qu'aucune pollution lumineuse ne vient ternir.

Peut-être cette nuit des jaguars se promèneront sur la plage ?

Publié dans Journal

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V
bonjour,<br /> je trouve votre blog très complet et très beau. Félicitations!<br /> J'ai passé 3 mois au Costa Rica en 2005, et cela me rappelle de très bons souvenirs.<br /> Continuez de profiter à fond de votre expérience en famille.<br /> Bonne continuation.
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