Les ferries de Puntarenas

Publié le par Véro

Il ne reste plus que quelques jours avant la rentrée scolaire : juste le temps de repartir en voyage avec Mamie (Gégé) pour découvrir un autre bout du Costa-Rica. Au départ, nous souhaitions aller sur le versant Caraïbe pour revoir cette côte baignée d'eaux turquoises et faire du snorkeling, mais la météo ne l'a pas voulu ainsi : il y pleut beaucoup et la mer des Caraïbes est trouble et agitée.

Alors nous partons ailleurs, au soleil, au sud de la Péninsule de Nicoya.

Première étape : Puntarenas, la ville bâtie sur une pointe de sable dans le golfe de Nicoya, où on s'embarque sur un ferry.

Ferry dans le golfe de Nicoya

Problème, Il y a foule et un des ferries est en panne. Ce passage par ferry se tranforme en une épreuve digne de figurer aux jeux olympiques de la patience ! Tout d'abord, il faut se renseigner au guichet, et déméler l'écheveau des informations fiables ou pas, abondemment diffusées par tout un tas de gens les plus complaisants les uns que les autres : la grosse dame à béquilles qui attend comme nous le bateau mais assure qu'elle a l'habitude, l'employé au costume impeccable, mais de l'autre compagnie (?), la femme de ménage qui s'est installée dans la guitoune pour manger en paix son repas de midi, ou encore le tico qui attend avec nous dans sa voiture...

Le ferry arrive à 14 h, et il faut faire la queue pour les tickets juste avant, disent les uns; non, il y a un bateau en panne et le suivant ne viendra qu'à 16 h, disent les autres, et dans tous les cas, il faut mettre sa voiture dans la file avant qu'elle n'ait atteint le tournant même si on n'a pas les billets, disent
encore d'autres !
 La longue queue des véhicules en partance où s'agitent les humains...

...sous l'oeil dubitatif des pélicans.

Bref, entre deux bouchées du pique-nique que nous avons commencé, installés dans un superbe jardin face à la mer, au parfum mélancolique d'abandon comme en témoigne ses murets écroulés, son grillage déchiqueté, sa piscine vide et les ordures qui s'amoncellent en petits tas encore discrets, Jean-Mi se dépêche de placer la voiture dans la queue... de gauche, côté sur lequel apparait en effet le prochain bateau, alors que je me précipite avec Gégé pour prendre les tickets.

Erreur fatale, ceci est un bateau de croisière pour l'île del Coco, et il fallait placer la voiture dans la file de droite ! Pendant que Gégé galope avec Paul pour compter les voitures de ladite file (il paraitrait qu'il rentre 40 voitures dans le ferry, ou 65, on ne sait pas, et ça dépend des camions qui prennent plusieurs places à eux seul !), je me fais proprement écrabouiller, pressurer par une foule en furie qui se précipite sur les guichets, abandonnant totalement la courtoisie retenue et respectueuse des costarisciens dans leur état normal, pour crier à qui mieux-mieux le nombre de places désirées, brandissant sauvagement leur argent et jouant des coudes, comme à la foire d'empoigne (bien que je n'aie pas la moindre idée de ce qu'est précisément une telle foire).

Enfonçant résolument, le premier moment de stupeur passée, mon coude pointu dans le ventre d'une grande bringue blondasse qui prétendait me dominer de sa hauteur inhabituelle, j'affirme avec apomb que oui, bien sûr, ma voiture est dans la file de droite, vous rigolez je connais les ficelles, et je me retrouve ausstôt éjectée de la foule direction le trottoir, enfin munie des précieux tickets !

Pendant ce temps, Gégé et Paul ayant dénombré 35 voitures et pas trop de camions, sont allés à triple vitesse avertir le reste de la famille qu'il fallait changer de file dare-dare, maintenant qu'on avait les billets, non remboursables évidemment, pour l'autre bateau; pendant que je fais du charme, avec succès, jouant sur le registre naïf de la jeune femme perdue dans ce pays étranger auprès d'un routier sympatique qui accepte de nous laisser nous ranger devant lui dans l'interminable queue, tout le monde arrive en voiture...juste au moment où un affreux-méchant garde pointe son nez, et nous refoule au fond du fond de la file, réduisant à néan mes efforts pour passer pour une pitoyable oie blanche !
 
Voulez-vous savoir la suite? Nous nous sommes embarqués de justesse, vers l'avant-avant dernière place environ... et les enfants, pour qui on faisait tout ça, pour qu'ils sentent le vent marin dans leur doux cheveux, pour qu'ils frémissent au cri strident des mouettes plongeant brusquement en piqué pour ramener d'étincelants poissons ruisselants, pour qu'ils reviennent épuisés et heureux de cette formidable expérience, pour qu'ils admirent les silhouettes des îles se découpant dans le lointain et attendent, apaisés et soulés de soleil, des rêves de dauphins plein la tête, d'assister aux subtiles manoeuvres de l'accostage, et bien ces enfants-là, les nôtres, pour qui je nourrissais ces fabuleux  projets, après une brève exploration des lieux, ils sont allés s'enfermer au sous-sol climatisé du ferry, blasés, en regardant la TV et ronchonnant qu'ils voulaient qu'on leur achète des gateaux au bar !  Les mères doivent parfois faire face à de grandes désillusions !
Un paysage d'îlots épars...

...que dédaignent les blue Brothers : direction la cafèt !

Intense conversation. Sur les illusions des mères ?

Finalement, nous traversons la baie et trouvons à nous loger dans des cabinas toutes neuves à Paquera. Ce déplacement si bref vu sur une carte nous a pris le meilleur de la journée...

La suite demain...









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