A l'école !

Publié le par Jean-Mi, Véro & Les enfants

12 octobre 1492 : Christophe Colomb découvre le Nouveau Monde
 
12 octobre 2005 : rentrée des classes pour les petits loups

 
Aujourd'hui est un jour très important pour nous tous, les enfants commencent (enfin) l'école. C'est une école de quartier, situé en haut de la colline de San Roque, près de l'église qui donne son nom au hameau. Nous savions que les enfants avaient école soit le matin, soit l'après-midi, en alternance une semaine sur deux, mais ce que nous apprenons en plus, c'est que les enseignants fixent eux-même leurs horaires. En d'autres termes, nos quatre enfants ayant quatre enseignants différents ont (presque) quatre horaires d'entrée et de sortie différents.
 
Pour cette semaine, ça donne :
Lucie, qui est en maternelle y va de 12:00 à 15:30,
Jean, qui est en première (équivalent au CP), y va de 7:00 à 12:20
Paul, en troisième (équivalent au CE2), y va de 7:00 à 13:00
Sylvain en cinquième (équivalent au CM2), y va de 7:00 à 12:20
 
Cette toute première journée n'est pas exceptionnelle que pour nous : c'est aussi le 12 octobre, jour de célébration au Costa-Rica, car c'est un 12 octobre que Christophe Colomb a découvert le Nouveau Monde. Les enfants et les parents sont invités à assister au spectacle exécuté par les plus petits et donné au gymnase voisin. Les gradins se remplissent d'écoliers en uniforme, le parterre est occupé par des enfants déguisés en indiens ou en européens, et la directrice entame les réjouissances  par un discours sur la tolérance et le respect mutuel, sur la liberté des uns qui s'arrête où commence celle des autres, sur l'enrichissement créé par le brassage des cultures. Elle ajoute même que dans son école, il y a des colombiens, des panaméens, des nicaraguéens et des français (ça c'est pour nous) et que tout se passe très bien. Pour nous j'en suis sûr : on vient d'arriver. La pôvre, elle sait pas encore.
 
Le spectacle commence par l'amenée du drapeau. Toute l'assistance se met debout, la main sur la poitrine et entame l'hymne national costaricien. Spectacle émouvant pour nous qui venons d'un pays où l'esprit patriote est aisément tourné en dérision.
 
Puis les enfants font leur spectacle, très coloré, en musique et avec beaucoup de rythme.


Il ne manque que la musique...
 
Quand à nos chers bambins, ils ont été très bien accueillis par les enseignants et les autres enfants. Voici leurs histoires toutes chaudes :
 
Lucie : "Permièrement, une chose, au premier moment, j'ai goûté. Un jus de fruit et quatre gateaux. Il y en a qui ont fait de la peinture et ils ont mis un tablier. La maîtresse nous faisait des dessins sur des feuilles de papier, et nous on les coloriait. Après goûter, j'ai joué au ballon. Quelqu'un m'a donné un paquet de bonbons ensuite je suis allée avec maman, voilà. Après il s'est rien passé d'autre. Mais c'était bien en tout cas, je me suis régalée"


Jean :"Une dame m'a montré la classe et je suis parti avec ma maitresse dans la classe. Et après heu... J'ai sorti un cahier et j'ai collé deux fiches dessus. Il y avait quatre grands dessins sur la première et plein de petits sur la seconde. J'ai colorié les dessins, sur la première tous et sur la seconde, pas tous parce qu'ils étaient plus petits. Les autres ne faisaient pas la même chose. Puis il y a eu la récréation puis la prof d'anglais. La prof d'anglais m'a dit le nom des dessins sur mon cahier en anglais puis en espagnol. Elle nous a dit aussi des phrases que toute la classe a répété. Puis on est allé manger. C'était bon mais je n'avais pas très faim et j'ai pas tout mangé. Puis je suis retourné avec ma maîtresse. La maîtressse a dessiné un pommier au tableau, avec la terre et les racines et je l'ai recopié. Il y avait marqué en espagnol les feuilles, le tronc, les fruits, une fleur et les racines. Après on est allé voir le petit spectacle puis c'était fini et on est parti."

 
Paul : "C'était bien. Au début,  j'ai eu ma maîtresse qui nous a fait rentrer en classe pour poser nos affaires. Après ont est allé manger à la cantine, où ils m'ont demandé si je voulais des haricots rouges, du riz et quelques légumes et un peu de viande hachée, j'ai dit oui. C'était très bon, mais je n'avais pas trop faim parce que j'avais mangé juste avant à la maison. Après, il y a eu une grande sonnerie et nous sommes tous allés au stade, sur un coté, où on pouvait acheter des choses, et moi, j'ai pas eu besoin d'acheter parce quelqu'un m'en a donné : un sachet de céréales. Après nous sommes revenus, ils m'ont donné deux grosses billes et un jouet surprise. C'était un girafe à construire. Puis, nous sommes rentrés en classe en cours de religion. Il y a eu un autre driinng, nous sommes allés sous l'espèce de préau pour faire une partie de bille parce qu'il pleuvait, puis nous sommes tous partis pour aller jusqu'au gymnase. J'ai pris Jean en passant qui semblait un peu perdu. Aujourd'hui c'était une journée spéciale, et là j'ai rencontré papa et maman et nous avons regardé le spectacle, puis je suis parti après avoir serré la main à tous mes copains. J'ai mis beaucoup de temps à construire la girafe à la maison."
 
Sylvain : "Hé bien en fait on est allé au bureau de la directrice, une dame nous a montré notre classe, nous avons attendu la maîtresse, puis je suis rentré en classe. La maîtresse a dit aux autres que j'étais un français, si j'ai bien compris. Puis nous avons mis toutes les tables en lignes pour pas qu'on se regarde. La maîtresse a distribué aux autres un contrôle de math, puis ils ont fait le contrôle de math. Puis ils ont corrigé mais je comprenais pas bien, c'était une sorte de je ne sais pas quoi, et après, on est allé en récré. Sur le stade, il y avait un petit endroit où on pouvait s'acheter quelque chose à manger, mais ça coutait 100 colones et je n'avais pas d'argent. Il y avait une sorte de sandwich au fromage jaune, de la crème et du jambon. Il y avait des sortes de réglisses de toutes les couleurs et des bonbons comme on a en France, des Mars et tout ça. Il y a un garçon qui a été gentil, il avait apparamment apporté un paquet de bonbons en chocolat en forme de pilules et il m'en a proposé quelques uns. Il y a mon copain qui m'a donné une sucette à la menthe et à la fraise. Puis on est revenu en classe, le professeur d'anglais est arrivé, ce n'est pas pareil qu'en France parce que ce sont les professeurs qui se déplacent et pas les élèves. Elle a écrit au tableau une liste de choses que j'ai copié et après on est allé manger un repas il y avait du riz, des haricots rouges et une sorte de mélange de légumes. Moi, j'ai pris de tout et j'ai goûté à tout en tous cas et j'ai pris également du jus de guanabana qu'on avait en verre. Il n'y avait pas d'eau. Après le repas, je suis retourné en salle de classe, mais le prof d'anglais n'a eu que quelques minutes avant de devoir partir car c'était la fin du cours d'anglais. Ensuite, notre maîtresse normale est revenue, et on a recopié un long texte sur la science. Moi, j'ai dû copier deux textes car mon copain devait s'absenter un moment et j'ai recopié deux textes. Après, on est allé au spectacle, qui parlait des cultures qui se sont mélangées au Costa-Rica. Puis nous sommes revenus à la maison dans la voiture de notre voisin Rodolfo."


Jean, Paul & Sylvain, 6:30 ce matin
 
Bref, un gros ouf pour trois de nos petits : Lucie s'est "régalée", elle me l'a dit au moins 3 fois dans le bus au retour, bien qu'elle ait été étonnée de ne pas du tout travailler et que les filles à la récré ne fassent rien, alors qu'elle-même a joué au ballon avec les garçons; Paul est revenu avec plein les poches de bricoles offertes par les copains, et à l'aise, naturel comme s'il était là depuis toute sa vie, sauf qu'il n'a pas compris grand-chose aux cours, mais ça ne lui a posé aucun problème; quant à Sylvain, il avait plein la bouche de "ses copains", surtout il appréciait beaucoup que son "meilleur copain" soit aussi le plus grand de la classe, comme çà, personne ne l'embêterai, et de plus lui, il avait l'impression de comprendre plus ou moins ce qui se disait et a même essayé de parler !
 
Par contre, pour notre Jeannot, ça n'a pas l'air de couler de source ... ce matin, quand il est parti en donnant la main à la maîtresse, il était plutôt inquiet, et j'ai vu le moment où il allait pleurer, mais il a tenu bon. Ce sera un peu plus dur, mais il en sortira plus fort et ce sera peut-être celui qui progessera le plus .
 
En tout cas, les enfants d'ici nous paraissent très accueillants et gentils, comme leurs parents d'ailleurs, et même s'ils peuvent se montrer aussi diables qu'ailleurs (personne ne peut imaginer le niveau sonore qui régnait dans le gymnase pour le spectacle, entre la pluie battant sur le toit en tôle et environ 500 enfants au moins en train de bavarder, rire, jouer), ils gardent un bon esprit et ne nous ont pas semblés moqueurs ni blasés .
 
Par contre, pour l'organisation de notre journée, ce fut folklorique : fallait-il le matin à 5h30 boire le café ou manger le gallo pinto (= riz + haricots rouges)? Paul qui était prévu l'après-midi étant finalement de matin a mangé 2 fois, ici et à l'école; Jean-Mi a dîné avec Lucie vers 10h30, pendant que je faisais le balayage quotidien, moi j'ai mangé vers 13h, de retour du spectacle, et à 17h nous avons fait un goûter-souper ! c'est plutôt compliqué et nous comprenons maintenant pourquoi ici tout le monde cuisine avec une marmite-électrique cuisson-lente-toujours-chaud, et pourquoi les tables de cuisine et sets de vaisselle ne sont que pour 4 : quelque soit le nombre de personnes dans la famille, 4 est le nombre maximum de personnes arrivant à manger ensemble ! Nous qui pensions que l'école nous laisserait plus de temps libre et nous simplifierait la vie, quelle erreur !

Le positif, c'est que ça nous muscle les mollets, car l'école est à 1,4 km et il y a 4 aller-retours quotidiens ( tous ne sont pas en bus, de loin). Et puis les enfants sont superbes en uniforme . Finalement, ce qui est formidable, c'est que tous les jours il se passe quelque chose de nouveau, souvent imprévu, et jusqu'à présent, gracias a dios comme ils disent beaucoup, mais surtout grâce à ce que sont les gens d'ici, je pense, nous n'avons rencontré que de bonnes choses.
 
C'est tout pour aujourd'hui, la suite au prochain numéro !
 

Véro, Jean-Mi & les enfants.

Publié dans Journal

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